Vraie ou fausse épopée qui sonne faux ou il y en a qui n’ont vraiment rien compris


Donc il est des œuvres de commande, de tout temps, pour quelques sous, de la reconnaissance ou vraiment avec du travail, il est donc des épopées de commande, pour quelques sous, de la reconnaissance ou vraiment avec du travail, dès le début, on nous justifie dans ces cas qu’il s’agit d’une œuvre digne des plus hauts dignitaires, presque des dieux, d’ailleurs dédiée, dans une épopée, on dit « chantée » pour les dieux donc écoutez comme je chante bien :
« Arma virumque cano, troiae qui primus ab oris
   Italiam fata profugus Laviniaque venit »
Vous voyez ? C’est bon ? Cela revient ? Non ?
« Litora, multum ille et terris jactatus et alto »
eh eh eh !! Les souvenirs toujours pas ? Vous croyiez avoir fui l’école, mais non ? eh eh eh !!
« Vi superum saevae memorem Iunonis ob iram
  Multa quoque et bello passus, dum conderet urbem »
C’est bon, tout le monde suit, toute la ville suit ?
« Inferret que deos Latio, genus unde Latinum »
Ne vous inquiétez pas, cela fait juste genre de parler latin, mais je ne comprends pas plus que vous ce qui sort de ma bouche, les mots que je transporte dans ma bouche.
« Albanique patres atque moniae Romae »
Certains disent que le latin c’est un mur, moi je dirais plutôt une muraille, mais haute la muraille, je dis muraille car dans le texte il y a « altae moniae » et cela veut dire des hautes murailles, alors cela tombe bien que je dise que le latin c’est comme une muraille, non ? une muraille infranchissable, pour mes parents non, mais pour moi oui ; comme on dit : je reste de marbre, blanc le marbre car dans le texte il est dit alba, blanc c’est pareil, c’est du latin.
Mais arrêtons là les citations, revenons à nos moutons, brebis galeuses conviendraient mieux, car une brebis galeuse est une personne qui nous insupporte, enfin, tout sauf un héros de ceux que l’on chante, si j’étais l’auteur d’une épopée je dirais que je chante, donc je chante le héros, mais attention pour se donner un genre, le héros, surtout s’il est romain, se doit d’être armé, car sinon il serait dévêtu, presque nu, sans patrie, comme chassé de sa terre, et débarquant ailleurs pour se trouver une nouvelle patrie où il pourrait y installer hormis ses moutons, sa nouvelle descendance, or il y a une expression figée qui est « va donc voir chez les grecs si j’y suis », c’est je ne sais plus trop qui, qui m’a appris cela, quand on ne sait pas, on dit que c’est d’inspiration divine, ou un truc dans ce genre, toujours est-il qu’il, le héros, il ne peut pas aller chez les grecs parce que ce sont les grecs qui l’ont chassé de chez lui, alors vous comprendrez qu’il est dans une sacrée galère, pardon une nef divine, ouaih, cela veut dire un bateau protégé par les dieux quand ils ne se disputent pas entre eux ou qu’ils ne sont pas fâchés ou qui sait quoi encore car dans ces cas-là, tout héros que vous êtes, vous êtes ballottés à droite et à gauche, à l’époque on dit sur terre et sur mer parce que la politique c’est pas tout à fait la même chose que chez nous, donc le héros est ballotté et jeté sur les océans, il faut bien voir que nous, on dit « jeté », eux disent « jactatus », on reconnaît l’origine, il y a un du jet et du jact, mais la différence est l’aspect passif du « atus » dans jactatus par exemple c’est beaucoup plus net, cela permet de montrer que le héros subit, il n’est pas maître de son destin, d’ailleurs, on ne connaît pas son nom, son identité, il est simplement désigné par « virum » : un homme et çà c’est un signe, çà signifie qu’il va en baver, que cela ne va pas être facile, vous me direz comme tout le monde et c’est pour cela que l’auteur choisit « virum », ainsi il choisit un terme général, vaste pour que chacun puisse s’identifier et pour le rendre encore plus généralisable, c’est pas un hasard, si « il » l’appelle ille, c’est à dire il ou celui-ci, donc vous voyez le héros se veut le plus généralisant parce qu’en fait, je vais vous confier un secret, mais cela reste entre nous, pas question d’en parler, lorsque chassé d’ici, vous irez chez vous, donc ce héros c’est quelqu’un de connu, pas quelqu’un de précis, mais c’est le romain idéal parce que les romains, il ne faut pas la leur faire à eux, ils le savent ce que l’on peut faire avec une épopée, à part faire des lectures de poésie, faire des récitations à l’école, faire des traductions au lycée, on peut se donner un genre, le genre épique et vanter, en toute modestie, on dit « chanter » les mérites du peuple, de son peuple, on fait semblant de vanter, pardon chanter les mérites d’un autre peuple très vieux, disparu, et on dit que ce peuple de légendes c’est nos parents, la preuve, c’est écrit dans le livre que l’on vient d’écrire, dans notre épopée, c’est irréfutable, et puis en toute modestie, cela permet de vanter pardon chanter les mérites du peuple romain car il est le digne descendant des troyens, c’est clair ? et Auguste dans tout cela ? alors là, c’est à dire qu’Auguste a juste fait la commande à Virgile celui qui a écrit l’histoire du héros avec ses armes qui est chassé de chez lui, qui vient dans un autre pays, qui s’installe, ainsi que dans sa descendance qui fonde une ville, puis un peuple entier, mais Auguste fait cela juste par conviction littéraire, c’est par soutien culturel, une sorte de mécène, une subvention à lui tout seul sans aucune arrière pensée, Auguste c’est bien simple c’est un saint, alors j’ai envie de dire que l’épopée romaine c’est juste un auteur qui dit « je chante, je chante soir et matin », non non, « je chante les armes et le héros, qui premier en entre tous, chassé par le destin des bords de Troie, vint en Italie, aux rivages où s’élevait Lavinium. Longtemps, et sur terre et sur mer, la puissance des dieux d’en haut se joua de lui… », donc je chante, le héros, les armes, chassé, puis qui vient, sur terre et sur mer et les dieux, emballé c’est pesé et voilà une épopée.



Détournement(s)

Biographie

Questionnaire