Samuel Rochery (avec Delphine Binos), L’opération vestimentaire (vidéo)

Pratiquez-vous l’image, la surface, le montage ?

L'influence du 7e art, d'un ou de films en particulier, sur votre travail ?

Texte, voix : Samuel Rochery
Montage : Delphine Binos

Des poètes peuvent avoir une volonté DECALCOMANE. Dire ce qui est à l’identique transposé, un rien transposé, et rien que ce qui est. Comme si celui qui écrit pouvait très bien être un légume. Est-ce que c’est souhaitable, et surtout : est-ce que c’est tenir compte du réel. Parce qu’il y a peut-être une réalité version déontique : il faut bien que le corps réel manque entre les doigts, il le veut, pour qu’on pense à du véritable. Si l’homme n’est pas un légume. Et s’il y a déjà du réel, et pas « de monde véritable » tout de suite (Pessoa). Je vois la vidéo que Delphine a montée à partir de deux corps et des danseuses. Elle aurait pu filmer quelqu’un qui se couvre le corps d’un alphabet, en continu, muettement, et ça n’aurait pas remplacé un texte sur le corps ou sur le désir, etc. Mais la vidéo peut m’(nous) apprendre à aimer l’idée, ou à se la rappeler pour quand on écrit avec le grand « désir de peindre », que les choses réelles, de l’homme à la puce, du paysage à la carotte, sont déjà prêts à ressembler à ce que va dire un poème, et pas l’inverse. Un poème cherche du véritable. Il cherche du monde possible. La peinture comme le sang font très naturellement les parures de guerre ou les parures de danses premières. Les natures suggèrent leur propre opération vestimentaire et périphrastique. Elles cherchent leur vraie nature. Voilà ce que nous avons voulu montrer, je crois. La voix qu’on entendra sur les rythmes d’images vient d’un discours sur le verre et l’inquiétude.

Samuel Rochery