15 novembre / Un livre m'accompagne : Soudain un bloc d'abîme, Sade, Annie Lebrun. Redonner corps à ce qu'a écrit Sade du fond de sa cage à poules, en envoyer plein les dents à nos chers écrivains-tonsurés tel paraît être son propos (page 279 : cette théologie du manque ne nous tromperait elle pas sur l'excès de Sade ?), en direction de ceux qui ont tant pompé de sang à Sade l'on rendu quasi exsangue l'excusant tour à tour de ses "méfaits", se servant de lui pour se tracer une personnalité propre, mais à aucun moment ne lui permettant d'entrer dans la grande famille littéraire ? Peut-être est-ce mieux ainsi, il continue de faire la différence. Mais l'auteur finit par s'en excuser afin de ne pas sortir du rang des mêmes, être exclue de cette pitoyable famille.
Si l'homme ou plutôt la femme et son principal attrait est bien le même ici que dans le reste du monde il n'en est pas de même pour les choses de la pensée. Rien ne semble pensé ici, du passé comme de l'instant-juste-maintenant, ou de l'avenir . Evidemment rien n'est dit et enregistré autrement que par les corps, de ces véritables tableaux-sadiens-vivants qu'ont constitué les multiples invasions du Boukhistan, les passages incessants de hordes, d'envahisseurs qui lui sont "passés sur le corps". On ne peut donc rien en dire?. Un de ces rabat joies aurait pu dire que ceci a précédé cela, illustré ceci, mais j'ai déjà tant de haine pour ce mot de "tableau vivant" encore plus pour toute interprétation et métaphore tu le sais bien. Donc il est clair qu'ici rien de tel ne sera écrit un jour, aucune révolution aucun régime durable rien, rien que le vent.

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